7

L’unique porte de la salle, les gonds arrachés, s’abattit avec fracas. Dans l’embrasure surgit un géant roux porté par des cannes anglaises : Bill Ballantine. Tous les regards convergèrent vers lui.

Sentant que la pression psychique avait cessé, Bob en profita pour bondir. Quelques secondes pour agir et, surtout, pour choisir sa cible. Devant lui se dressaient cinq hommes d’aspects très différents. Mettre le Russe hors de combat pour l’empêcher d’user de ses pouvoirs ! L’individu le plus proche parut convenir à Morane, qui lui décocha un crochet du droit. L’homme s’abattit à la renverse, et ses quatre complices reculèrent. De son côté, Bill avançait aussi vite que ses béquilles le lui permettaient. Pourtant les deux amis furent stoppés par Peter Buchanan qui pointait une arme de poing. Un automatique de type ancien, mais qui n’en demeurait pas moins menaçant. Bob et Bill stoppèrent net.

— Du calme, messieurs, lança Buchanan d’un ton sec. Il faut parfois avoir recours aux bonnes vieilles méthodes… Sachez que je suis un excellent tireur…

Morane n’avait aucune envie de vérifier cette affirmation à ses dépens.

— Vous aurez du mal à justifier une mort par balle, remarqua-t-il néanmoins.

— La lande est grande, répondit Buchanan. Nous pourrons facilement y cacher un cadavre.

— Deux cadavres ! précisa Ballantine.

Bob avait désormais vue sur la pièce dans laquelle il était retenu prisonnier. Comme il l’avait deviné, c’était une grande salle de réunion. Tout un coin en était occupé par des tables surchargées de moniteurs de télévision, d’ordinateurs et d’appareils informatiques sophistiqués. Selon toute évidence, l’endroit d’où étaient contrôlées les opérations de télékinésie. Le reste de la pièce, soit environ les deux tiers, était entièrement vide, à l’exception du brancard qu’il venait de quitter. Bob dévisagea ses interlocuteurs. Buchanan ressemblait à un aristocrate britannique, vêtu d’un complet de tweed et porteur d’une barbichette blanche parfaitement taillée. À ses côtés se tenaient un grand Africain très maigre qui faisait penser à un guerrier Massaï, et un Asiatique tout aussi maigre, mais de plus petite taille. À terre, le Russe, au visage marqué par des traces de petite vérole, était le seul à porter une blouse blanche. Enfin, pour compléter le groupe, se trouvait le docteur Gene Albright, médecin-chef de l’hôpital, qui affichait un air encore plus renfrogné que lorsque Bob l’avait interrogé.

Buchanan tenait toujours fermement son arme, en pointant le canon alternativement sur Morane et Ballantine. Bob jeta un œil à son ami. Toute parole était inutile. Ils n’avaient pas besoin de parler pour se comprendre.

— Depuis quand avez-vous commencé vos expériences ? demanda Morane d’un ton en apparence indifférent.

— Cela fait longtemps, répondit Buchanan.

— Et dans quel but ?

— N’essayez pas de gagner du temps, Mr Morane… Je…

Buchanan ne put finir sa phrase, Bob, portant sa main à son cœur, s’écroulait au sol. Les regards de Buchanan se détournèrent un bref instant sur lui, et Bill en profita pour, de toutes ses forces, lui lancer une de ses béquilles. Elle l’atteignit en plein visage, le faisant vaciller. Bob, en profita pour se redresser. D’une seule détente il se retrouva sur Buchanan, qu’il désarma d’une main tandis que, de l’autre, il lui assénait un atémi à la pointe du menton. Buchanan roula sur le sol, comme électrocuté !

— Et de deux, compta Morane.

— Je m’occupe des trois autres, décida Ballantine.

— Nous…

Morane n’acheva pas, frappé d’une violente douleur au crâne. Près de lui, Bill lâcha son unique béquille pour porter les mains à la tête, bouche ouverte, incapable d’émettre le moindre son. Puis, il roula à terre. Morane lui-même, de plus en plus immobilisé par la douleur, lâcha l’automatique et se replia en accordéon, jambes repliées, genoux au menton.

— Vous n’avez pas fait le bon choix, triompha Albright en s’avançant pour ramasser l’arme. Pavel ne dispose d’aucun pouvoir psychique. C’est pourtant un spécialiste en la matière. Il a passé sa vie à étudier ces phénomènes où l’esprit accomplit des prouesses inattendues. Ses connaissances pourraient remplir une encyclopédie. Pourtant, il n’a jamais réussi à développer le pouvoir en lui-même. Il se contente donc d’observer. Par contre, messieurs Kenji Shirakawa et Hassan Zekal sont deux médiums particulièrement efficaces, comme vous venez de le constater. Aucune part de supercherie dans leurs pouvoirs, et les exploits qu’ils réussissent à accomplir prouvent que notre connaissance de l’esprit humain reste encore très limitée.

Le médecin tournait autour des deux amis toujours prostrés, tandis que les deux médiums restaient debout, figés, le regard fixé, l’un sur Bill, l’autre sur Morane.

— J’oubliais que vous ne pouvez parler, continua Albright après une pause. Vos esprits sont prisonniers du pouvoir, et je dirais même du bon vouloir, de mes collaborateurs. C’est devenu, pour eux, un exercice assez facile. Stopper un cœur humain relève d’une concentration encore supérieure. Vous allez vous en rendre compte. Ce sera d’ailleurs votre dernier moment de conscience.

Albright s’écarta de quelques pas et, s’adressant à l’Asiatique et à l’Africain, lança :

— Allez-y, messieurs… Nous n’avons perdu que trop de temps.

Les mâchoires des deux médiums se serrèrent davantage. Ils n’étaient plus que deux masses d’énergie meurtrière…

Ce fut alors que se produisit un phénomène incroyable.

Lentement, très lentement, Bob Morane, qui demeurait recroquevillé, releva la tête. Les yeux toujours fermés, il se mit à déplier son corps avec la grâce calculée d’un danseur de ballet. Quand son buste se fut redressé, il ouvrit les yeux. Puis, toujours avec la même lenteur, il déploya les bras à la manière d’ailes. Au lieu de prendre son envol, il se leva. Ses jambes se déplièrent avec cette même aisance dont il avait fait montre jusqu’alors. Une fois debout, il ramena les bras vers son buste et sourit.

Face à lui, le docteur Albright demeurait bouche ouverte, les yeux exorbités, littéralement ébahi. Au point qu’il en oubliait son arme, que Bob cueillit comme s’il s’était agi d’un instrument inutile. Une troupe d’anges passa, puis Bob fit, d’une voix calme :

— Vous avez raison, docteur. On ne connaît pas encore toutes les possibilités du cerveau. Pour combattre l’hypnose, j’ai toujours entendu dire qu’il fallait penser TRÈS FORT à autre chose. Ce que j’ai fait. J’ai pensé, TRÈS FORT, à mon amie Aïsha, demeurée à Paris, pour des photos pour Vogue. Et, si vous connaissiez Aïsha, vous sauriez que, quand on pense à elle, il est difficile de penser à autre chose.

Tout en parlant, Bob s’était tourné vers les deux médiums. Autant l’Africain demeurait toujours aussi concentré, n’ayant pas bougé d’un pouce, autant l’Asiatique paniquait et reculait jusqu’à se cogner contre un mur.

— Arrêtez ! cria Bob en direction de l’Africain.

L’homme ne semblait pas entendre. Morane tira un coup de feu en l’air. L’Africain sursauta et regarda enfin dans sa direction. Quand il comprit ce qui se passait, il recula d’un pas, effrayé.

— N’essayez pas de recommencer vos petits tours, recommanda encore Morane… J’ai quelque chose de bien plus efficace que vos trucs d’hypnotismes…

Bill Ballantine se relevait péniblement, en demandant :

— C’qui s’est-il passé ? J’ai bien cru que mon crâne allait exploser.

— Comment vous avez fait, commandant ?

— L’aspirine Aïsha, Bill… L’aspirine Aïsha…

 

*

 

— Vous m’enlevez mes illusions, Mr Morane…

L’inspecteur Mac Gregor paraissait désappointé, déçu aussi. Il était accouru rapidement, à l’appel de Bob, pour procéder aux arrestations et comprendre ce qui s’était passé. Morane lui avait tout rapporté par le menu, lui faisant remarquer que les expériences qui s’étaient déroulées secrètement dans cet hôpital étaient toutes consignées sur des bandes magnétiques et des documents. Autant de preuves de la culpabilité des cinq hommes. Puis, Bill avait raconté comment, après avoir cassé ses plâtres dans sa chambre, il avait suivi deux individus transportant le corps inerte de son ami sur un brancard. La position de l’ascenseur lui avait indiqué le sous-sol. Arrivé là, à son tour, Bill n’avait plus eu qu’à se laisser guider par les voix pour découvrir où son ami était retenu prisonnier. Alors, comme prévu, il avait attendu le moment propice pour faire son entrée, peu discrète il est vrai.

— J’en suis sincèrement désolé, répondit Bob. Mais ce n’est pas parce ces individus se faisaient passer pour des fantômes qu’il n’en existe pas de vrais ailleurs.

— Je vous assure que certains affirment avoir croisé le fantôme d’Isabelle de France bien avant le début de cette affaire, insista Mac Gregor.

— Je vous crois, inspecteur. Pourtant, l’épouse d’Edward II s’est peu manifestée ces derniers temps. Elle aurait cependant été bien avisée de mettre un terme à ces expériences criminelles…

— Allez savoir ce qui se passe dans l’esprit d’un fantôme, Mr Morane !

La tête dans les épaules, le dos voûté, Mac Gregor se tenait au centre d’un complexe d’appareils regroupés dans un coin de la pièce. Il n’y comprenait goutte, mais faisait confiance aux spécialistes de Scotland Yard pour s’y retrouver. Distraitement, il appuya sur l’un des boutons d’un volumineux magnétophone. Aussitôt, la salle fut emplie d’un hurlement glacial : le cri de la louve. L’inspecteur enfonça précipitamment la commande « stop ».

— La voilà votre Isabelle, plaisanta Morane. Enfermée dans une boîte.

— Ne plaisantez pas avec ça, jeta Mac Gregor. Si la louve vous entendait…

Bob préféra ne pas insister. Il comprenait l’inquiétude du policier. Non seulement due à la possible présence d’un fantôme dans le château, mais également au pouvoir des médiums. Jusqu’où ceux-ci s’étendraient-ils ?… Et le fait d’être emprisonnés les empêcheraient-ils d’en user ?

C’est alors qu’au-dehors, un nouveau hurlement retentit. Le même hurlement que tout à l’heure, mais qui, cette fois, ne provenait pas d’un magnétophone, si perfectionné fût-il. Un hurlement humain, mais qui n’avait rien d’humain. Il envahissait la lande, se coulait à travers les vallons, glissait à la surface des marécages, amplifié sans cesse par les échos. Une clameur bien présente, mais qui pourtant venait d’ailleurs. Comme issu de l’enfer, il retentissait davantage comme une menace de vengeance que cri.

À travers la pièce, il y eut un frémissement général. Toute couleur quitta les visages. Le sang se glaça dans les veines. Les gorges se serrèrent.

— La Louve, murmura Morane sans croire lui-même à ce qu’il disait.

Mais ce que son esprit refusait, son instinct l’admettait. Et ce fut dans un murmure étouffé qu’il ajouta :

— Le cri de la Louve !… Le cri de la Louve !…

 

FIN

 

Bob Morane et moi...
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